Djouman : la plateforme dédiée au développement durable et à l’innovation en Afrique
Promouvoir le développement durable en Afrique, c’est la mission que s’est assignée Djouman. Pour ce faire, la plateforme créée en janvier 2016 met en avant des entrepreneurs africains innovants, œuvrant dans le développement durable.
Fondatrice et CEO de Djouman, Murielle Diaco s’intéresse tout particulièrement aux technologies de l’environnement à fort impact local. Elle partage avec SÉKOU sa vision du développement durable en Afrique. Rencontre.
Ingénieure de formation, Murielle Diaco a travaillé dans le milieu de la finance, avant de se consacrer au développement durable. Elle a créé Djouman dans le but de mettre en avant l’image innovante de l’Afrique et de soutenir les porteurs de projets locaux dans leur croissance.
Je serai toujours optimiste en ce qui concerne le développement durable.
1. Murielle, vous êtes ingénieure et fondatrice de Djouman, un réseau dédié aux innovateurs africains. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis ingénieure en informatique et mathématiques appliquées. J’ai fait ma prépa à Paris, puis j’ai intégré l’école d’ingénieurs ENSIMAG de Grenoble. Je me suis alors spécialisée en ingénierie financière et j’ai travaillé plus de 7 ans en tant qu’analyste financier. De ce cadre, j’ai fait une partie de ma carrière à Londres, où j’ai travaillé dans des banques européennes internationales.
C’était très intéressant au début, mais cela restait très éloigné de mes préoccupations et c’était aussi très abstrait. J’avais envie de travailler pour l’économie réelle et pour l’Afrique. De nature, j’ai toujours été intéressée par le développement durable. En 2012, j’ai donc décidé de quitter le milieu de la finance et de me réorienter vers un MBA en développement durable, au sein de l’Institut Supérieur de Gestion.
2. Pourquoi avoir créé Djouman ? Comment le projet est-il né ?
Djouman était le sujet de thèse de fin d’étude de mon MBA. Je souhaitais étudier les innovations qui contribuent au développement durable en Afrique. J’ai contacté de nombreux acteurs : entreprises, institutions, représentants gouvernementaux… Je me suis vite rendue compte qu’énormément d’actions étaient menées au niveau local. J’ai alors compris que je voulais soutenir ces acteurs locaux, en leur apportant une expertise et des ressources.
Je me suis ensuite faite accompagner par l’incubateur Paris Pionnières, qui m’a aidé à structurer mon projet et à définir mes objectifs. En janvier 2016, j’ai lancé la structure Djouman avec pour idée de créer une plateforme de mise en relation permettant aux entrepreneurs africains de trouver leurs partenaires d’affaires. Nous nous axons sur des activités liées à l’environnement : énergies propres, gestion des déchets, agriculture durable… Nous travaillons aussi avec des entreprises à fort impact social, dans le domaine de la santé ou de l’éducation par exemple.
Nous conseillons aussi des startups africaines et nous les mettons en relation avec des investisseurs ou des partenaires techniques et industriels. Dans ce cadre, nous accompagnons par exemple deux entreprises de gestion et de valorisation de déchets au Cameroun et en Côte d’Ivoire..
3. Quelles tendances observez-vous actuellement dans l’entrepreneuriat en Afrique ?
Il y a de plus en plus d’intérêt pour les startup et les PME sur le continent. L’Afrique anglophone fait d’ailleurs figure de précurseur dans ce domaine. Des pays comme le Kenya donnent envie d’investir et de croire en l’entrepreneuriat africain. Le e-commerce se développe très vite et des startups sortent du lot, comme Jumia ou Afrimalin. Mais d’autres secteurs sont également très porteurs.
4. Vous êtes également consultante dans les énergies renouvelables. L’accès à l’énergie est un défi de taille pour le continent. Quelles perspectives envisagez-vous pour les prochaines années ?
Les énergies renouvelables sont un sujet à la mode, mais parfois détourné pour en faire de la com’. Il ne faut pourtant pas négliger les contraintes réelles, comme les coûts d’acquisition des infrastructures. Les énergies renouvelables vont forcément se développer en Afrique, parce que nous sommes dans une tendance globale à sortir du pétrole. Il y a également d’autres types d’énergies à mettre en avant, comme la biomasse.
5. Quels sont actuellement les grands enjeux du développement durable pour l’Afrique ?
Les enjeux sont multiples. D’abord, il y a la question de l’efficacité énergétique. Les foyers doivent être accompagnés pour utiliser moins de combustibles nocifs. Le volet sociétal du développement durable est également primordial et nécessite l’inclusion de populations laissées de côté : l‘accès à une éducation de qualité et accessible pour tous, les problématiques liées à la santé…
L’avenir du continent africain va dépendre de solutions qui intègrent l’aspect durable dès leur phase de réflexion. Et c’est une tendance qu’on observe de plus en plus. Le principal enjeu ne sera pas tant de développer les énergies renouvelables, mais de les rendre accessibles à tous.
6. Avez-vous des projets en particulier que vous souhaitez nous présenter ?
J’aimerais en effet vous parler de deux startups incroyables que j’accompagne. Tout d’abord, la plateforme Isahit, qui propose aux entreprises d’externaliser certaines de leurs tâches digitales pour créer des emplois, principalement à destination des femmes en Afrique. Isahit se développe actuellement au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Cameroun et au Congo. Dans une approche responsable, les travailleurs ont accès à différents services comme ouvrir un compte bancaire ou accéder à une mutuelle. Avec Djouman, nous les accompagnons dans leur recherche de financement et la mise en relation avec des incubateurs.
Nous accompagnons également la startup Save Our Agriculture, basée au Cameroun. Cette startup est spécialisée dans l’aquaponie, une technique qui associe l’élevage des poissons (aquaculture) et la culture des plantes hors sol (hydroponie). Leur solution s’attaque aux problèmes d’approvisionnement et de traçabilité des denrées alimentaires. Pour cela, Save Our Agriculture propose des kits d’aquaponie aux particuliers et aux professionnels comme les restaurateurs désireux de produire leurs aliments à domicile.
7. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite entreprendre un projet ?
Je donnerais plusieurs conseils. En premier lieu, il faut être persévérant, car être entrepreneur est difficile, mais l’être en Afrique l’est encore plus. Attention également à ne pas faire les choses à moitié et à toujours rester professionnel. Enfin, n’hésitez pas à vous entourer de mentors pour avancer de manière cadrée. Et surtout, il faut croire en soi
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