Rencontre avec Pape Ba Gahn, expert de l’entrepreneuriat en Afrique

Pape Ba Gahn, guide de l'entrepreneuriat au Sénégal

Avec son taux de croissance de 6,5 % enregistré en 2015, le Sénégal fait partie des pays les plus dynamiques et compétitifs d’Afrique de l’Ouest, après la Côte d’Ivoire. Même si le pays peine encore à améliorer le climat des affaires, des initiatives sont mises en places pour soutenir les porteurs de projet et dynamiser l’entrepreneuriat.

Dans ce domaine, Ahmadou Ba Gahn fait figure de référence. Entrepreneur social, il nous livre son regard sur l’écosystème entrepreneurial sénégalais.

Incollable sur la scène tech et startup africaine, Ahmadou Ba Gahn connaît bien les problématiques des entrepreneurs sur le continent. Diplômé d’un Bachelor en Management des Organisations obtenu à l’ISAF Kangfore de M’bour, il place l’essor de l’Afrique dans ses préoccupations premières. Son objectif : accompagner le développement d’un nouveau type de leader en Afrique. Actuellement Chargé de programme au sein du réseau Synapse, il est également coach et formateur en entrepreneuriat.

Au même titre que le Professeur Muhammad Yunus, je pense que l'entrepreneuriat social est la chose la plus logique à faire.

L’ÉCOSYSTÈME ENTREPRENEURIAL EST EN CONSTRUCTION

Dès qu’il a un peu de temps, Ahmadou Ba Gahn met ses compétences aux services des jeunes, par exemple au sein de l’UCD (l’Union Citoyenne pour le Développement). Il sait que les difficultés sont encore nombreuses pour les entrepreneurs sénégalais qui souhaitent monter leur projet. Beaucoup ne sont pas totalement préparés à ce qui les attend.

“Un problème que rencontrent spécifiquement les entrepreneurs, c’est la question des skills. Souvent ils ont l’idée, mais il leur manque des compétences. Ils ne savent pas par où commencer, ont du mal à se focaliser sur quelque chose et à déterminer les moyens d’atteindre leurs objectifs.”

La question du financement est aussi problématique pour les petites structures. N’apportant pas suffisamment de garantie, elles sont boudées par les institutions bancaires. La difficulté de se constituer un capital d’amorçage représente ainsi l’un des freins les plus importants.

UNE NOUVELLE DYNAMIQUE POUR LES PME

Toutefois, Ahmadou Ba Gahn est confiant. Une nouvelle dynamique de développement des startups et PME est lancée. Le gouvernement a mis en place de nouveaux mécanismes. comme le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (le FONGIP) dédié aux PME, aux groupements de femmes et aux jeunes. Levier de compétitivité, il permet aux porteurs de projets qui n’ont pas de garantie de débloquer des crédits bancaires.

L’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes propose également des programmes d’accompagnement. Il existe aussi des structures spécialisées, comme dans le PRODAC, le Programme des Domaines Agricoles Communautaires, qui accompagne les initiatives dans l’agriculture et vise à développer de véritables agropoles.

“Il y a énormément de structures qui pilotent des programmes pour accompagner les jeunes. Ceux qui prennent le temps de chercher, d’aller sur internet, de se rendre auprès des structures publiques et de s’informer auprès des agences de conseil et d’orientation peuvent trouver l’information dont ils ont besoin.”

Ahmadou Ba Gahn - Conférence

Conférence à l’Institut Français de Dakar

Ahmadou Ba Gahn - Conférence
Ahmadou Ba Gahn - Conférence

Un entrepreneur social réaliste

Des idées et des initiatives, ce n’est pas ce qui manque au Sénégal. Mais combien donnent lieu à une activité pérenne ? A ce titre, Ahmadou Ba Gahn tient à mettre en garde : avoir une idée, c’est bien, mais encore faut-il que cette idée donne lieu à un projet économique viable et durable.

Au Sénégal, la plupart des projets qui voient le jour intègrent un volet social. Accès à l’énergie, santé, agriculture… ils proposent une solution qui sert l’intérêt général. Réaliste, Ahmadou Ba Gahn sait pourtant qu’être un entrepreneur social, ce n’est pas pour autant occulter l’aspect économique. C’est plutôt en faire un moyen plus qu’une fin. Selon lui, un entrepreneur social doit donc avant tout apporter une solution à un problème d’ordre social ou environnemental. Il doit ensuite monter son projet avec une vision pérenne. Enfin, il ne doit pas négliger la partie communication et marketing, pour mettre son projet en avant et le promouvoir.

Engagé en faveur du handicap

Membre actif de plusieurs ONG, Ahmadou Ba Gahn coordonne actuellement les activités de l’Association La Vie en Marche qui apporte une aide humanitaire aux enfants en situation de handicap de l’hôpital de Tambacounda et de la région de M’Bour. L’ALVM offre un accompagnement au niveau médical, mais favorise également leur intégration dans la société à travers l’école, les activités culturelles et sportives, la formation professionnelle…

Il est aujourd’hui primordial que qu’on reconnaisse le potentiel des personnes en situation de handicap, afin que celles-ci soient valorisées, aussi bien dans leur famille que sur le marché de l'emploi.

La question du handicap en Afrique est extrêmement complexe. Le manque d’infrastructures et de moyens rend souvent difficile les politiques même les plus volontaristes. Les principaux obstacles étant l’accessibilité aux infrastructures publiques et l’insertion professionnelle.

“Des actions de sensibilisation se développent de plus en plus depuis ces dernières années. Pour que les personnes handicapées puissent s’intégrer totalement dans leur communauté et dans la société, il faut qu’elles puissent avoir accès au même niveau de service que n’importe quel citoyen. C’est pourquoi les nouvelles infrastructures au Sénégal intègrent désormais la question de l’accessibilité.”

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morgane@sekou.org

Après plusieurs années dans les RH, j'ai développé un sens relationnel aigu et une réactivité à toute épreuve. Curieuse invétérée qui s’émerveille d’un rien, j'ai pris le virage du digital à travers la création de contenus web et le social media. Mes domaines de prédilection : l’art, les nouvelles technologies, l’environnement et la photo.