Isahit : la plateforme d’externalisation socialement responsable en Afrique
Selon la Banque Mondiale, 1,2 milliard de personnes vivent en situation d’extrême pauvreté dans le monde. Elles gagnent moins d’1,25 dollar par jour. L’Afrique subsaharienne en compte plus du tiers, suivie de l’Inde et de la Chine.
Contribuer à réduire cette pauvreté, c’est la mission que s’est fixée isahit. Pour cela, les fondateurs, Isabelle Mashola et Philippe Coup-Jambet, ont misé sur la redistribution du travail grâce au digital. Isabelle a répondu à quelques questions pour SÉKOU
Isahit redistribue les tâches digitales externalisées par les entreprises à des personnes socio-économiquement défavorisées, via une plateforme intelligente. Aujourd’hui implantée au Cameroun, au Congo, au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, la startup compte s’ouvrir prochainement à l’Afrique anglophone. Directrice informatique au sein de grands groupes, comme Cisco ou Publicis, Isabelle Mashola s’investit depuis des années dans l’entrepreneuriat sur le continent, et particulièrement celui des femmes.
Le digital est un vrai levier d'autonomie financière et d'indépendance pour les femmes.
UNE PLATEFORME INNOVANTE ET RESPONSABLE
D’un côté, l’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par l’extrême pauvreté. De l’autre, des entreprises françaises cherchent à externaliser une partie de leur projets digitaux. Elles sont de plus en plus nombreuses à chercher une externalisation sociale et responsable.
La plateforme d’isahit découpe les projets digitaux de ces entreprises clientes en des milliers de micro-tâches. Ces micro-tâches sont ensuite distribuées aux différents travailleurs membres de la plateforme, appelés les “hiters”.
Il y a en effet tout un ensemble de tâches digitales qui ne peuvent pas être accomplies par des robots. Ce sont les Human Intelligence Tasks (HIT). Il peut s’agir par exemple de modération de contenu, de tri d’images, de traitement de données…
Isahit s’engage à rémunérer les travailleurs 20 dollars par jour, soit environ 10 fois plus que le seuil de pauvreté mondial. En parallèle, le programme Isahit Help aide les travailleurs à améliorer leur niveau de vie : prêt de tablettes, lieu de coworking, aide pour se bancariser et passer de l’économie informelle à l’économie formelle…
“Notre business model est simple. Sur 100 facturés au le client, 65 sont destinés au salaire du travailleur, 30 sont investis dans le développement de la plateforme et 5 sont reversés au programme Isahit Help.”
L’EXTERNALISATION RESPONSABLE : UN MARCHÉ PORTEUR BOOSTÉ PAR LE DIGITAL
Les chiffres issus de l’étude de marché d’isahit parlent d’eux-mêmes. Le marché de l’externalisation numérique représenterait 178 milliards de dollars, dont 20 % sont des tâches digitales. Et elles ne devraient cesser d’augmenter, pour représenter 80 % des parts de marché en 2020.
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à vouloir inclure un aspect responsable dans leur externalisation. C’est donc un marché en forte croissance : +25 % par an. Et isahit vise haut. Sur 2017, la startup prévoit un déploiement dans de nouveaux pays africains, notamment au Mali et en Guinée :
“Nous allons également nous implanter dans les pays d’Afrique anglophone. Les entreprises françaises sont en effet de plus en plus nombreuses à vouloir faire travailler leurs filiales anglophones.”
Actuellement, une soixantaine de “hiteurs” travaille avec isahit, mais il est prévu que la communauté grossisse rapidement, pour passer à environ 10 000 travailleurs sur les deux à trois prochaines années. 2017 sera également l’année de la levée de fonds pour isahit, actuellement en campagne de crowdfunding sur la plateforme Afrikwity.
FAVORISER LE TRAVAIL DES FEMMES DANS LE NUMÉRIQUE : UN FORT LEVIER DE DÉVELOPPEMENT
Les femmes sont directement impactées par la pauvreté. En règle générale, elles ont un accès limité aux ressources, aux financements, au commerce ou à l’industrie. Isabelle Mashola en est convaincue, favoriser l’entrepreneuriat des femmes est essentiel, pour elles mais aussi pour l’ensemble de la société :
“Nous nous adressons particulièrement aux femmes. Nous voulons les connecter, car le monde de demain est numérique. A ce titre, le digital est un vrai levier d’autonomie financière et d’indépendance pour ces femmes.”
Isahit s’adresse notamment aux femmes entrepreneurs qui ont besoin de ressources financières complémentaires pour pouvoir mener à bien leur projet. Parmi les “hiters”, on trouve aussi des étudiantes qui peinent à financer leurs études ou qui ont dû les abandonner par manque de moyens.
Si les femmes sont encore peu visibles dans l’univers digital, les initiatives se multiplient, à l’instar du programme She Is The Code. Les femmes entrepreneurs sont de plus en plus nombreuses à innover dans le numérique, pour devenir de véritables role model.
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