#INSPIRATION : A DAKAR, YAYE SOUADOU FALL TRANSFORME LES PNEUS USAGÉS EN REVÊTEMENT DE SOL

Maxime et Simon sont deux étudiants ingénieurs. Ensemble, ils ont monté le projet Ricochets : une aventure de 5 mois à travers l’Afrique de l’Ouest, à la rencontre de porteurs de projets inspirants qui se bougent pour leur communauté. 

A travers leur série Youtube « Yoon Wi », et en collaboration avec MakeSense Afrique, ils partagent leur expérience. Au fil des vidéos, découvrez le chemin parcouru par ces femmes et ces hommes qui améliorent la vie des populations locales en créant leur entreprise. 

Yoon Wi : Le chemin des entrepreneurs d’Afrique de l’Ouest – Episode #3

Elle a seulement 20 ans quand Yaye Souadou Fall s’associe à six camarades de classe pour relever un défi environnemental de taille : recycler les milliers de pneus abandonnés dans les rues de Dakar. Alors étudiante en école de commerce à l’ISM, Yaye Souadou Fall est experte en gestion, logistique et comptabilité. Mais elle est totalement désarmée de compétences techniques.

On ne connaissait pas la technologie. On a tapé sur Google, on a fait pleins d’expériences

Comment valoriser les déchets de pneus usagés ?

Le Sénégal est confronté à un réel problème de traitement des déchets. A Dakar, difficile de marcher dans les rues sans tomber sur des tas de vieux pneus. Une fois hors d’usage, ils sont souvent brûlés pour extraire le fer qu’ils contiennent. En cherchant à valoriser ces déchets, Yaye Souadou Fall veut aussi fabriquer des produits locaux en utilisant des ressources locales.

Mais comment réutiliser de vieux pneus usés ? Après plusieurs semaines de recherche, l’équipe d’étudiants trouve la réponse. Lorsqu’il est broyé, un pneu se transforme en effet en une nouvelle matière à fort potentiel. Le groupe décide alors d’utiliser un outil pour le moins insolite : un hachoir à viande !

Après des premiers résultats concluants, ils décident d’utiliser cette matière pour fabriquer des carreaux de revêtement de sol. Ces carreaux amovibles, antidérapants et étanches, conviennent parfaitement aux terrasses, terrains de basket et aires de jeux. La start-up E-cover vient de naître.

E-cover, startup de recyclage des pneus usagés

Financer son projet : la plus grande interrogation des jeunes

La question du financement est surement l’une des plus grandes interrogations pour les jeunes qui ont soif d’entreprendre. Comment prouver à des investisseurs que son projet est viable, malgré sa jeunesse et son manque d’expérience ? Les écoles ont souvent peu de réponse à apporter.

Souadou et son équipe se sont essayés au crowdfunding, mais ont du essuyer le premier échec de leur jeune carrière. Il en fallait pourtant plus pour les démobiliser. Cette expérience leur a tout de même permis de fédérer une communauté qui leur ont ouvert de nouvelles portes.

Yaye Souadou Fall participe alors à de nombreux concours, locaux et internationaux. En 2016, elle remporte 15 000 dollars à l’Anzisha Prize et le projet prend alors une autre dimension (1). Son aisance à l’oral aussi bien en français qu’en anglais, son opportunisme et sa détermination ont hissé la start-up E-cover au rang de véritable entreprise.

L’équipe est aujourd’hui constituée de 4 étudiants (2) et de techniciens. La première usine vient de voir le jour dans une zone défavorisée de la capitale et va permettre à l’entreprise de passer à l’échelle industrielle.

Yaye Souadou Fall, fondatrice la startup de recyclage E-cover

La nécessité d’accompagner les étudiants dans leur projet de création d’entreprise

Le succès grandissant que connait Yaye Souadou et son équipe, c’est d’abord à leur école qu’ils le doivent. En proposant dans le cursus un accompagnement à la création d’entreprise, depuis l’idée jusqu’à l’écriture du business plan, l’école fait le premier pas et permet l’émergence d’initiatives concrètes. De plus en plus d’écoles prennent ainsi conscience de l’intérêt d’une telle démarche.

Comme Yaye Souadou Fall et ses camarades, les étudiants d’Afrique de l’ouest sont nombreux à vouloir se lancer dans la création d’entreprise. Les écoles l’ont compris et elles sont d’ailleurs de plus en plus à accompagner les étudiants volontaires. Pour les plus curieux et déterminés, c’est un excellent moyen de développer les compétences nécessaires pour relever les défis de l’entrepreneuriat.

(1) : L’Anzisha Prize les aide aussi dans la mise en œuvre du projet. E-cover est également en partenariat avec l’African Leadership Academy, la Marstercard Foundation, le CJD International, le Hub Africa, Jeader et la Fondation Friedrich Naumann.

(2) : Parmi les 4 associés : Khady Diallo (qualité, hygiène, sécurité, environnement et chimie) ; Désiré O. Nwaobasi (compétences techniques en informatique et électronique) ; Alioune B. Sène et Souadou Yaye Fall (compétences managériales).

A propos de Ricochets

Ricochets, c’est un projet crée par deux étudiants ingénieurs de Grenoble, Maxime Delacourt et Simon Chaillou, partis pendant 5 mois en Afrique de l’ouest. L’objectif est de créer du lien entre des entrepreneurs sociaux locaux inspirants et les étudiants africains.

Pour chaque entrepreneur, Ricochets réalise une vidéo, des supports de cours et des ateliers qui seront utilisés par les professeurs des écoles d’ingénieur et de commerce partenaires pour former les futurs entrepreneurs de demain !

Suivez le projet sur leur site web !

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axel.bkns@gmail.com

Passionné par l'aspect humain des aventures entrepreneuriales, des actions solidaires et responsables, j'ai co-fondé SÉKOU, un espace dédié à l'entrepreneuriat des pays émergents ayant pour objectif de promouvoir projets, startups et initiatives en recherche de visibilité, de levée de fonds et d'être un lieu de parole et de conseil pour les professionnels.