Au Burkina Faso, Voltatic développe des solutions d’accès à l’énergie

David Réaux co-fondateur de Voltatic

Le Burkina Faso fait face à un important déficit électrique, près de 110 MW (mégawatt). Le pays bénéficie pourtant d’un rayonnement solaire exceptionnel. En 2016, le gouvernement a ainsi annoncé la construction de la plus grande centrale solaire du pays.

En s’appuyant sur des systèmes photovoltaïques et les TIC, Voltatic offre des solutions d’accès à des services électriques fiables et durables. Rencontre avec David Réaux, l’un des trois co-fondateurs.

Spécialisé dans l’ingénierie et le conseil aux communautés rurales non-électrifiées, Voltatic accompagne les populations dans l’accès à l’électricité et soutient la mise en place de coopératives de gestion de mini-centrales solaires.

L’intérêt n’est pas seulement d’apporter de l’électricité, mais de faire de l’accès à l’énergie un levier de développement économique et social.

COMBLER LE DÉFICIT ÉNERGÉTIQUE PAR L’ÉNERGIE SOLAIRE

En 2011, David Réaux part comme enseignant pendant deux ans au Burkina Faso, en mission de volontariat, Rapidement, il se rend compte de l’impact de l’accès à l’électricité sur la vie quotidienne de la population, comme l’apprentissage des leçons pour les élèves, le travail des femmes ou les conditions de soins. David rentre en France convaincu qu’une solution est à trouver du côté de l’énergie solaire photovoltaïque. Il en est persuadé, le réel problème de l’accès à l’énergie en Afrique ne se situe plus aujourd’hui au niveau technique, mais au niveau de l’accès au financement pour les populations.

“Les microréseaux m’ont semblé être la solution la plus adaptée. C’est un bon compromis entre le développement des réseaux nationaux qui coûtent extrêmement cher et les solutions solaires individuelles qui laissent parfois de côté une partie de la population. Même en France, l’électricité ne s’est pas développée immédiatement à l’échelle nationale, mais d’abord dans des micro-réseaux qui se sont ensuite reliés entre eux.”

Au sein d’un laboratoire de recherche dans lequel il a travaillé, David Réaux rencontre Arouna Darga, burkinabé spécialiste des télécommunications et qui connaît bien les problématiques énergétiques. Tous deux s’associent à Dominique Bonkoungou, qui a travaillé dans le domaine de l’électrification rurale au Burkina. Voltatic voit le jour.

Photo de panneaux solaires à Koudougou au Burkina Faso. © Renaud Van der Meeren/EDJ

LES MICRORÉSEAUX COMME LEVIER DE DÉVELOPPEMENT

Voltatic aide à la mise en place de microréseaux, en insistant sur la participation directe de la population, à l’installation mais aussi sur le suivi quotidien. Une coopérative est créée et elle devient propriétaire du système de production et de distribution de l’électricité. Les foyers paient leur énergie à la coopérative, qui peut ainsi rembourser ainsi l’installation aux organismes de financement. Voltatic est là pour accompagner le projet aux niveaux juridique, économique et technique. L’approche se veut globale. David Réaux insiste :

“Voilà pourquoi, sur le long terme, Voltatic souhaite aller plus loin, en favorisant le développement de réels pôles d’activités économiques. Les entrepreneurs pourront alors utiliser l’électricité pour produire de la valeur localement. Ces centres d’activités proposeront une alternative directe à l’exode rurale, en offrant du travail aux jeunes des villages..”

PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUE : LE QUOTIDIEN POUR 1,3 MILLIARD DE PERSONNES

Selon la Banque mondiale, la précarité énergétique est le quotidien pour plus d’1,3 milliard de personnes dans le monde. Indispensable au développement social et économique, l’accès à une énergie abordable et durable est essentielle.

Comme le précise David Réaux, il faut distinguer l’absence totale d’accès à l’électricité d’un côté et un accès intermittent de l’autre. Ce dernier présente lui aussi ses inconvénients. Les planifications sont sans cesse modifiées, le matériel se dégrade plus vite, la déperdition de l’information est importante… Dans la situation d’un accès quasi nul, la vie économique s’arrête avec le coucher du soleil :

“Les boutiquiers doivent fermer, les élèves ont du mal à étudier à la maison, les travaux de la femme au foyer se font de manière précaire… Sans parler des compensations, comme les bougies ou le kérosène, qui coûtent cher et peuvent être dangereux. La santé est aussi directement impactée : conservation des médicaments, pompage et distribution de l’eau…”

Infographie sur le taux d’électrification en Afrique

LES ÉNERGIES RENOUVELABLES PEINENT À SE DÉVELOPPER EN AFRIQUE

Un rapport publié le 15 février dernier souligne que l’Afrique subsaharienne peine à développer les énergies renouvelables. Malgré des progrès notables, le continent reste en retard par rapport au reste du monde. David reste néanmoins optimiste. Le développement de grosses centrales un peu partout sur tout le continent est représentatif des efforts menés.

“Pour le monde rural en revanche, cela risque de prendre un peu plus de temps, mais des pays d’Afrique anglophone tels que le Kenya ou la Tanzanie donnent bon espoir.”

Comme le souligne David, l’Afrique a aussi un bon potentiel éolien et hydraulique. Enfin, beaucoup de choses restent à faire sur la biomasse, ce qui pourrait créer des emplois dans le monde rural et éviter un exode massif. “Je pense qu’il faudra attendre 30 à 40 ans pour un développement à grande échelle d’un accès à des énergies propres pour tous ». Bien que moins chères sur le long terme, la principale problématique des énergies renouvelables reste le coût à l’installation.

A propos de Voltatic

Voltatic accompagne actuellement un projet d’électrification d’une école dans la région de la Boucle du Mouhoun, à l’ouest du Burkina Faso. Ce projet est né du partenariat avec l’association burkinabè SOS Energie, l’ONG française Pharmaciens Sans Frontières, ainsi que les autorités et la population locales.

Un centre d’activité économique sera mis en place à proximité, permettant un accès aux services électriques pour les entrepreneurs, avec pour objectif de développer l’économie locale..

Voltatic a déjà bénéficié de plusieurs soutiens :

  • 3ème prix de la Diaspora des African Rethink Awards #ARA du Land of African Business en 2016
  • Nominé lors des Trophées Initiatives Climat pour les pays d’Afrique – COP22 en 2016
  • Soutenu en 2015 par la Fondation de Coopération Scientifique Campus Paris-Saclay dans le cadre de l’IDEX Paris-Saclay et du Pôle Entrepreneuriat Innovation Paris-Saclay
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morgane@sekou.org

Après plusieurs années dans les RH, j'ai développé un sens relationnel aigu et une réactivité à toute épreuve. Curieuse invétérée qui s’émerveille d’un rien, j'ai pris le virage du digital à travers la création de contenus web et le social media. Mes domaines de prédilection : l’art, les nouvelles technologies, l’environnement et la photo.