« Nos investisseurs sont prêts à soutenir l’innovation en Afrique » Thameur Hemdane, CEO d’Afrikwity
Est-ce en raison des difficultés d’accès au financement “classique” ou un prolongement de la tontine à l’ère du numérique ? Quoi qu’il en soit, le financement participatif est en plein boom sur le continent.
Pour les entrepreneurs, cette forme de financement alternatif offre de nouvelles perspectives de développement. Thameur Hemdane a ainsi fondé Afrikwity, une plateforme d’equity crowdfunding qui permet aux investisseurs de se regrouper pour investir plus facilement dans les startups et PME innovantes d’Afrique.
J’ai vu dans le crowdfunding une solution pour les diasporas africaines d’investir dans l’économie productive du continent.
QUAND L’INVESTISSEMENT SE MET AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT
Après une quinzaine d’années au sein de cabinets de conseil en stratégie et de banque d’investissement, Thameur Hemdane décide de mettre ses compétences au services des entrepreneurs. En 2014, il fonde ainsi deux plateformes de financement participatif. Afrikwity est dédiée au crowdfunding en investissement à destination des entreprises africaines. Cofundy est, quant à elle, réservée au crowdfunding en dons, pour les projets solidaires et créatifs en Afrique.
J’ai découvert le concept de crowdfunding par hasard en 2012, alors que j’étais en en poste dans la salle des marchés d’une banque d’investissement. J’ai rapidement été séduit par les promesses d’une nouvelle forme de financement connectée à l’économie réelle et permettant de rassembler les citoyens autour de projets à forts impacts.
Thameur Hemdane fait partie de cette catégorie d’entrepreneurs finTech qui veulent transformer le visage de la finance. Engagé dans la promotion du crowdfunding sur le continent, il co préside également le réseau FPM (Financement Participatif en Méditerranée), qui vise à promouvoir le financement participatif en Méditerranée et en Afrique.
SE FINANCER EN CAPITAL DE MANIÈRE 100% DIGITALE AVEC AFRIKWITY
L’equity crowdfunding, c’est une forme de financement participatif qui permet à des investisseurs de se regrouper via une plateforme internet, pour investir dans une entreprise et devenir actionnaire. Afrikwity joue ainsi le rôle d’intermédiaire, en facilitant la rencontre de ces investisseurs avec les entrepreneurs qui cherchent à lever des fonds, le tout de manière 100% digitale.
Un grand nombre de personnes issues la diaspora africaine se mobilise plus que jamais pour contribuer davantage au développement du continent africain.
Les startups en recherche de financement passent par un processus rigoureux de sélection. Elles sont également accompagnées par Afrikwity dans la structuration financière et juridique de leur levée de fonds. De l’autre côté, l’équipe basée à Paris anime une communauté d’investisseurs qui souhaitent affecter une partie de leur épargne dans des projets entrepreneuriaux innovants et ayant un impact positif sur le développement des pays africains.
“Afrikwity anime une communauté de 5000 membres qu’on peut qualifier d’Afro-optimistes. Ce sont des personnes qui sont conscientes des risques d’investir en Afrique, mais qui croient surtout dans l’énorme potentiel que recèle le continent. Elles sont donc prêtes à soutenir l’innovation et le développement des entreprises en Afrique”
Actuellement, Thameur et son équipe accompagnent deux entreprise à fort potentiel dans leur levée de fonds. Isahit externalise les tâches digitales des entreprises auprès des femmes, grâce à une plateforme intelligente. De son côté, Bifasor a développé une plateforme pour faciliter et digitaliser les échanges entre les acteurs du transport et de la logistique en Afrique.
INVENTER DE NOUVEAUX MODÈLES GRÂCE AUX FINTECHS
S’il est encore au stade embryonnaire, le crowdfunding a donc de l’avenir en Afrique. Encore faut-il un cadre favorable à son développement. C’est d’ailleurs l’absence de législation sur le sujet qui limite aujourd’hui le nombre de plateformes de financement dédiées à l’Afrique.
“La réglementation de cette activité nouvelle reste un enjeu majeur pour son développement. La création d’un cadre favorable au développement du crowdfunding permettra aux pays africains de soutenir l’émergence de projets sociaux, culturels et créatifs et de financer l’entrepreneuriat et l’innovation.
Les finTechs africaines devront avoir l’intelligence de construire des partenariats gagnant-gagnant avec les acteurs de la finance traditionnelle, afin de gagner en crédibilité et atteindre la taille critique en termes de clients et de transactions.“
En Afrique, 80% des 330 millions d’adultes n’ont pas de compte bancaire et pas de carte bleue. Pourtant, 80% des africains utilisent internet et sont équipés en mobile. Les finTechs ont devant elles de grosses perspectives de développement, à condition que le cadre réglementaire leur soit favorable.
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